mercredi 29 mai 2013

Entrevue avec les tziganes

Ah, les tziganes/roms/gypsies (appelez-les comme vous voulez, il y en pour tous les goûts). Entre fantasme et réalité, que se cache-t-il derrière une mauvaise réputation? Ben, en fait je ne sais toujours pas... mais voyons de plus près. C'est un article très délicat à écrire, qui vous semblera emprunte d'idéologie et d'anecdotes superficiels (concernant les tziganes de Cluj), mais n'ayez crainte, parfois je ne fais que narrer des faits.

Rappelle historique : peuple nomade venu indirectement d'Inde (slow train, 1000 ans), divisé en plusieurs sous-groupe, souffrant des pire maux, des pires déportations (avec les juifs sous Hitler, eh oui...), le problème "rom" soulevé en France omet la longue histoire précédant la réputation actuelle. D'après les linguistes, le mot "rom" signifie "homme accompli" ou "véritable homme".

 Notice linguistique: un préfixe (ou suffixe) -r à rapprocher du préfixe-suffixe -ar, qui dénote étrangement les populations suivantes : roumains, aroumains, maghyars, aryens, et aussi l'adjectif grec "aristos" : " meilleur". Des peuples tout aussi différents, ayant en commun ce mystérieux "ar" désignant l'homme véritable!

 Sur place, la réputation des tziganes est tout aussi mauvais qu'en France. La plupart des roumains vous diront sans hésiter que les tziganes constitue LE problème national. Une roumaine avec qui j'essaie de parler en bons termes des tziganes : "tu essayes de défendre les gypsies mais moi je connais la réalité". Une fois, en rentrant vers mon dortoir à pied, je croise des roumains ; sur la réputation des roumains en France (qu'on croit tous gypsies), l'un me dit : "it's because of them that we have a bad reputation in France. There are over 2 millions in Romania, and we have bad reputation because of them!!!".  A Sibiu, une jeune tzigane donnant le sein à son enfant sur un banc demande une de mes pommes, je le lui tends quand une roumaine de l'ESN me dit "don't do that!!!!". Je lui donne quand même la pomme qu'elle mange aussitôt.

   Sur place, pas de véhicules mystérieux qui établissent des camps comme en France, non, les tziganes se promènent tranquillement dans les rues ; du moins les femmes s'exhibant de leurs beaux habits traditionnels (pas de photo encore); ou bien, quand elles sont habillées de manière pauvre, mendient et transportent des enfants à l'arrache dans leur bras. C'est de l'exhibitionnisme pur sans violence, pour montrer qu'ils sont là.
La mendicité constitue l'un des problèmes et l'on ne sait jamais s'il faut donner ou pas. Les enfants tziganes de Cluj sont à l'image de ces robots qui ne savent dire qu'une phrase : "da-me un Leu", pendant que leurs mères attendent au bord de la route. Les femmes tziganes ne se priveront pas de vous aborder en vous demandant de l'argent en pleurs pour n'importe quelle raison. L'étranger que je suis peut compatir mais tout roumain vous dira "ne donnez jamais!!!!". Mais pourquoi bordel??? Et qui sont ces enfants qui sniffent de la colle sans gêne et fouillent les poubelles??!

 ==> Première réponse . Certains roms sont... riches et sédentaires. D'après les roumains, la raison principale est que les tziganes émigrent en France, mendient de l'argent, rentrent en Roumanie construire des palaces. Je dois dire que j'ai vu ces fameux palaces à Huedin, à la fois prestants et arrangés avec de l'aluminium.
 http://alestriendenouveau.over-blog.com/article-day-81-targu-mures-cluj-km-5701-103007607.html ==> article + photo des palaces. Etant passé par Huedin, c'est la ville de Roumanie où j'ai vu le plus de tziganes dans les rues.


Concernant la violance, les tziganes de Cluj-Napoca et des villes de Transylvanie sont gentils!!!! Aucune violence. Mais un roumain m'a dit une fois, en riant bien de mon pays que "avant nous avions des problèmes de violence avec les gypsies. Mais depuis tous les mauvais gypsies, voleurs et violents, sont partis en Europe de l'Ouest et ne sont restés que les plus sages, haha". Dans la ville où j'habite, il y a un quand même un camp tzigane où une amie m'a défendue d'y aller.

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PALATCA : la bonté d'une famille.

 Venons à l'expérience. Une amie française d'ici m'a proposé de l'accompagner avec son cousin et des erasmus chez une famille gypsie, dans un village situé à 50 km de Cluj-Napoca nommé Palatca. Je suis arrivé en camionnette avec 3 filles erasmus (les autres sont arrivés plus tard car ils n'ont jamais réussi à avoir une voiture en auto-stop, du coup les deux gars qui conduisaient la camionnette sont repartis les chercher  à Cluj). Dès mon arrivée, je crois reconnaître l'homme qui nous accueille près d'un bar : et pour cause, je l'ai vu joué... à l'insomnia (un bar de Cluj)!!!! Il s'appelle Nasti. Nous allons au bar où en fait la bière s'achète dans le magazin alimentar d'à côté. Un ordinateur années 90 joue  de la musique traditionnelle pendant que quelque vieux hongrois et tziganes essayent de discuter. Direct, un vieux me demande de lui acheter une bière (je le fis).
 Ce fut une ambiance bizarre où la fille de Nasti me demande d'aller parler à son père sur le chemin, vu que je me débrouillais à peu près en roumain. Je pris donc mon courage à deux mains pour aller en sa direction, et nous parlâmes un peu comme dans une réunion politique, à côté d'un tzigane muet (je ne savais pas ce qu'il foutait là...), bref il était juste question de : savoir ce qu'on mangeait et à quelle heure on venait chez Nasti. Il me dit "restez boire au bar et après venez chez moi". Mais dès mon retour au bar, où les filles étaient gênées de se faire draguer par quatre vieux, Nasti fit interruption pour se courrousser contre un hongrois bourré (qui m'avait abordé en disant "on chante ensemble?? haha!!"), en colère le père de famille tzigane rappatria tous les erasmus chez lui, en rouspetant sur tout le chemin. Je compris que dans l'histoire il y avait quelque chose à propos des "copii" (enfant). Pour cause, le hongrois bourré avait mal parlé aux enfants de Nasti, ce qui l'avait fort énervé.

A gauche, le cher Nasti croisé il y a deux mois


  L'accueil des tziganes, tout comme leur caractère, ressemble étrangement en fait aux... marocains!!!! Leur petite maison est couvert de tapis somptueux, où trône un tableaux catholique sur un mur, on se déchausse à l'entrée. Les quatre membres de la famille étaient très gentils, mais tout comme les marocains, il ne faut rien dire de mauvais aux garçons : ils se mettent en colère très vite... ce sont des gens très vifs tout en ayant beaucoup de bonté. Leur fille, Roxana, était très douce, et semblait très heureuse de nous voir (elle n'arrêtait pas de demander des câlins aux filles erasmus, je subodore une certaine solitude dans la campagne). Leur garçon était très énergique mais chercher à draguer sans cesse les filles (solitude aussi...). Une solitude omniprésente de ces jeunes, marquée par la radio commerciale mis à fond le soir et le matin ==> ou comment dans la campagne roumaine on retrouve Rihanna et Voltaj...

Le même pour une séance privée!


 Dès l'arrivée des autres Erasmus, Nasti nous joua du violoncelle (en échange d'argent) et nous bûmes quatre shots de tsuica (dur!) avant de manger la nourriture préparée par sa femme pendant deux heures. Ce fut cours car nous fûmes très fatigué après le repas et nous nous couchâmes à deux heures du matin alors que les derniers erasmus étaient arrivés vers onze heurs de soir. Le matin nous ne restions que deux heures, pressés par le travail scolaire qui nous attendait à Cluj. Entrevue courte mais pleine de découvertes, marquée par le désir d'en savoir plus. Je reviendrai donc à Palatca.


 Pas de conclusion, hélas, le peuple rom est trop diversifié; c'est pourquoi un article ne peut suffire (en fait il faudrait lire les thèses à leur sujet). Je ne peux qu'offrir de courtes visions, expériences, témoignages.


La fameuse maison de l'hôte

Des arbres peints en blanc pour chasser les insectes





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