mercredi 29 mai 2013

Entrevue avec les tziganes

Ah, les tziganes/roms/gypsies (appelez-les comme vous voulez, il y en pour tous les goûts). Entre fantasme et réalité, que se cache-t-il derrière une mauvaise réputation? Ben, en fait je ne sais toujours pas... mais voyons de plus près. C'est un article très délicat à écrire, qui vous semblera emprunte d'idéologie et d'anecdotes superficiels (concernant les tziganes de Cluj), mais n'ayez crainte, parfois je ne fais que narrer des faits.

Rappelle historique : peuple nomade venu indirectement d'Inde (slow train, 1000 ans), divisé en plusieurs sous-groupe, souffrant des pire maux, des pires déportations (avec les juifs sous Hitler, eh oui...), le problème "rom" soulevé en France omet la longue histoire précédant la réputation actuelle. D'après les linguistes, le mot "rom" signifie "homme accompli" ou "véritable homme".

 Notice linguistique: un préfixe (ou suffixe) -r à rapprocher du préfixe-suffixe -ar, qui dénote étrangement les populations suivantes : roumains, aroumains, maghyars, aryens, et aussi l'adjectif grec "aristos" : " meilleur". Des peuples tout aussi différents, ayant en commun ce mystérieux "ar" désignant l'homme véritable!

 Sur place, la réputation des tziganes est tout aussi mauvais qu'en France. La plupart des roumains vous diront sans hésiter que les tziganes constitue LE problème national. Une roumaine avec qui j'essaie de parler en bons termes des tziganes : "tu essayes de défendre les gypsies mais moi je connais la réalité". Une fois, en rentrant vers mon dortoir à pied, je croise des roumains ; sur la réputation des roumains en France (qu'on croit tous gypsies), l'un me dit : "it's because of them that we have a bad reputation in France. There are over 2 millions in Romania, and we have bad reputation because of them!!!".  A Sibiu, une jeune tzigane donnant le sein à son enfant sur un banc demande une de mes pommes, je le lui tends quand une roumaine de l'ESN me dit "don't do that!!!!". Je lui donne quand même la pomme qu'elle mange aussitôt.

   Sur place, pas de véhicules mystérieux qui établissent des camps comme en France, non, les tziganes se promènent tranquillement dans les rues ; du moins les femmes s'exhibant de leurs beaux habits traditionnels (pas de photo encore); ou bien, quand elles sont habillées de manière pauvre, mendient et transportent des enfants à l'arrache dans leur bras. C'est de l'exhibitionnisme pur sans violence, pour montrer qu'ils sont là.
La mendicité constitue l'un des problèmes et l'on ne sait jamais s'il faut donner ou pas. Les enfants tziganes de Cluj sont à l'image de ces robots qui ne savent dire qu'une phrase : "da-me un Leu", pendant que leurs mères attendent au bord de la route. Les femmes tziganes ne se priveront pas de vous aborder en vous demandant de l'argent en pleurs pour n'importe quelle raison. L'étranger que je suis peut compatir mais tout roumain vous dira "ne donnez jamais!!!!". Mais pourquoi bordel??? Et qui sont ces enfants qui sniffent de la colle sans gêne et fouillent les poubelles??!

 ==> Première réponse . Certains roms sont... riches et sédentaires. D'après les roumains, la raison principale est que les tziganes émigrent en France, mendient de l'argent, rentrent en Roumanie construire des palaces. Je dois dire que j'ai vu ces fameux palaces à Huedin, à la fois prestants et arrangés avec de l'aluminium.
 http://alestriendenouveau.over-blog.com/article-day-81-targu-mures-cluj-km-5701-103007607.html ==> article + photo des palaces. Etant passé par Huedin, c'est la ville de Roumanie où j'ai vu le plus de tziganes dans les rues.


Concernant la violance, les tziganes de Cluj-Napoca et des villes de Transylvanie sont gentils!!!! Aucune violence. Mais un roumain m'a dit une fois, en riant bien de mon pays que "avant nous avions des problèmes de violence avec les gypsies. Mais depuis tous les mauvais gypsies, voleurs et violents, sont partis en Europe de l'Ouest et ne sont restés que les plus sages, haha". Dans la ville où j'habite, il y a un quand même un camp tzigane où une amie m'a défendue d'y aller.

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PALATCA : la bonté d'une famille.

 Venons à l'expérience. Une amie française d'ici m'a proposé de l'accompagner avec son cousin et des erasmus chez une famille gypsie, dans un village situé à 50 km de Cluj-Napoca nommé Palatca. Je suis arrivé en camionnette avec 3 filles erasmus (les autres sont arrivés plus tard car ils n'ont jamais réussi à avoir une voiture en auto-stop, du coup les deux gars qui conduisaient la camionnette sont repartis les chercher  à Cluj). Dès mon arrivée, je crois reconnaître l'homme qui nous accueille près d'un bar : et pour cause, je l'ai vu joué... à l'insomnia (un bar de Cluj)!!!! Il s'appelle Nasti. Nous allons au bar où en fait la bière s'achète dans le magazin alimentar d'à côté. Un ordinateur années 90 joue  de la musique traditionnelle pendant que quelque vieux hongrois et tziganes essayent de discuter. Direct, un vieux me demande de lui acheter une bière (je le fis).
 Ce fut une ambiance bizarre où la fille de Nasti me demande d'aller parler à son père sur le chemin, vu que je me débrouillais à peu près en roumain. Je pris donc mon courage à deux mains pour aller en sa direction, et nous parlâmes un peu comme dans une réunion politique, à côté d'un tzigane muet (je ne savais pas ce qu'il foutait là...), bref il était juste question de : savoir ce qu'on mangeait et à quelle heure on venait chez Nasti. Il me dit "restez boire au bar et après venez chez moi". Mais dès mon retour au bar, où les filles étaient gênées de se faire draguer par quatre vieux, Nasti fit interruption pour se courrousser contre un hongrois bourré (qui m'avait abordé en disant "on chante ensemble?? haha!!"), en colère le père de famille tzigane rappatria tous les erasmus chez lui, en rouspetant sur tout le chemin. Je compris que dans l'histoire il y avait quelque chose à propos des "copii" (enfant). Pour cause, le hongrois bourré avait mal parlé aux enfants de Nasti, ce qui l'avait fort énervé.

A gauche, le cher Nasti croisé il y a deux mois


  L'accueil des tziganes, tout comme leur caractère, ressemble étrangement en fait aux... marocains!!!! Leur petite maison est couvert de tapis somptueux, où trône un tableaux catholique sur un mur, on se déchausse à l'entrée. Les quatre membres de la famille étaient très gentils, mais tout comme les marocains, il ne faut rien dire de mauvais aux garçons : ils se mettent en colère très vite... ce sont des gens très vifs tout en ayant beaucoup de bonté. Leur fille, Roxana, était très douce, et semblait très heureuse de nous voir (elle n'arrêtait pas de demander des câlins aux filles erasmus, je subodore une certaine solitude dans la campagne). Leur garçon était très énergique mais chercher à draguer sans cesse les filles (solitude aussi...). Une solitude omniprésente de ces jeunes, marquée par la radio commerciale mis à fond le soir et le matin ==> ou comment dans la campagne roumaine on retrouve Rihanna et Voltaj...

Le même pour une séance privée!


 Dès l'arrivée des autres Erasmus, Nasti nous joua du violoncelle (en échange d'argent) et nous bûmes quatre shots de tsuica (dur!) avant de manger la nourriture préparée par sa femme pendant deux heures. Ce fut cours car nous fûmes très fatigué après le repas et nous nous couchâmes à deux heures du matin alors que les derniers erasmus étaient arrivés vers onze heurs de soir. Le matin nous ne restions que deux heures, pressés par le travail scolaire qui nous attendait à Cluj. Entrevue courte mais pleine de découvertes, marquée par le désir d'en savoir plus. Je reviendrai donc à Palatca.


 Pas de conclusion, hélas, le peuple rom est trop diversifié; c'est pourquoi un article ne peut suffire (en fait il faudrait lire les thèses à leur sujet). Je ne peux qu'offrir de courtes visions, expériences, témoignages.


La fameuse maison de l'hôte

Des arbres peints en blanc pour chasser les insectes





samedi 25 mai 2013

Les roumains, peuple le plus vaillant d'Europe?

Revenons à nos amis roumain plus que surprenants.

 Sur l'article "de l'inconvéniant d'être Erasmus", j'affirmais que les jeunes sont plus ouverts que leurs voisins d'Europe de l'Ouest. Après trois mois dans ce noble pays, je clame : Non ce n'est pas tout!!!!!
  Dans un pays comme la France, nous avons été trop habitué à la sécurité, surtout si nous avons surtout résidé en ville ou en campagne très bourgeoise. Les roumains et roumaines eux (même chose pour les hongrois, moldaves, slovaques et polonais), ont vécu d'autres expériences car ils viennent tout simplement d'une campagne peu urbanisée où réside le danger, l'aventure, la paysannerie. C'est ainsi qu'ils n'ont pas peur et oublieront vite votre côté français pour vous embarquer dans des aventures qui feraient pisser dans sa culotte le français moyen.


 Je dois dire que j'ai été marqué par ce côté aventureux à la limite de l'inconscience après le côtoiement des roumains. C'est ainsi que la randonnée à Stana s'effectua à travers un tunnel de train ( à la Far west) puis des collines qui mènent maladroitement au village (la deuxième fois, il y avait des moutons donc... des chiens!). Un roumain vous invitera à faire un feu de camps  dans une forêt où traine des chiens errants avec des indications à l'arrache (donc il faut avancer  à l'aveuglette pendant 30 minutes, la première fois cela fait peur). On s'habitue très vite mais le retour en Europe de l'Ouest peut devenir très fade, ou bien inviter des français dans la campagne roumaine peut tourner au drame car tout simplement personne n'est habituée!!

Préservatif vital : si vous vous élancez dans la campagne, n'avancez jamais vers un troupeau de moutons. Les chiens vous repèreront de très loin, et vous courseront sans prévenir ; le berger ne se donne jamais la peine de les rappeler. Bref ils ne font pas la différence entre loups/chiens/tziganes/gentils marcheurs et vous traiteront de la même façon.


Notice : En s'éloignant du centre ville, armez vous d'un bâton bien pesant. Toute rue de la périphérie est gardée potentiellement par un chien errant. Dans la campagne toute colline est surveillée potentiellement par un chien berger.

 Non les chiens ne représentent par le seul danger mais les roumains eux-mêmes ; la chose est qu'il s'en sortent toujours. Mais pas le français. Cela m'est difficile à expliquer mais c'est très différent de l'esprit français... j'appelle ça inconscience mais une amie m'a dit qu'ils sont habitués et savent s'organiser en conséquence... et ce n'est pas faux! Dans les Monts Apuseni, mélangeant aventures et dangers, si quelqu'un se retrouve en difficulté chacun établit un plan d'action en une seconde pour l"aider (c'est très efficace). Bref les roumains n'ont pas peur! Et appliquent directement un esprit de communauté souvent absent en France (quoique j'ai déjà aperçu cet esprit de groupe en France, toutefois).
  Une amie française, dans les Maramures, voulait grimper une montagne pour se rendre au monastère. Des roumains l'emmenèrent gravir de nuit la montagne -en hiver, au milieu des hurlements de loup, tout en buvant de la tsuica... tout ça en mode normal (et surtout sauter un ravin de nuit), pour finalement se retrouver en haut de la montagne, le moine disant "non mais les femmes ne sont pas admises ici, allez sur l'autre montagne". Typique. Mais cette aventure est à goûter, car la population vous procura en filigrane une générosité sans borne.
 
Petit déjeuner fort copieux pour tenir la journée, quand même!




 Dans l'âme roumaine réside le double aspect appolinien/dyonisiaque, dû au mélange ville/campagne. La plus belle citadine aux aspect fragiles peut se transformer en la plus endurante et la plus aventurière dans les montagnes ; le citadin bien habillé peut se métamorphoser en loup-garou autour d'un feu de camp. C'est la beauté à feu le corps du vaillant. Je pense qu'en France le même état d'esprit se retrouve en Corse, ou en Bretagne.

Belle vue depuis les Monts Apuseni, mais il faut crapahuter comme un dingue pour la mériter.



mercredi 15 mai 2013

Traditionnalisme et Anarchisme hongrois-sicule contre le Saint Empire d'Occident

Mesdames et messieurs, vous avez toujours rêvé de sortir un peu de la société de consommation, effectuer un voyage dans le temps, retrouver les goûts du traditionnalisme? Pas de problème ! Non seulement les villages hongrois sont présents mais aussi Pensiunea Heltai, un bar hongrois de Cluj-Napoca. Ce bar n'a rien à avoir avec tout ce que j'ai vu jusqu'à présent. Le bar possède sa terrasse, il est nécessaire de monter des marches pour avoir deux choix : soit prendre sa droite pour entrer dans une salle et boire un coup avec des hongrois autour d'une bière hongroise de Miercurea Ciuc (village sicule un peu plus à l'Est); soit de prendre sa gauche et... surprise ! Le mardi soir des musiciens viennent jouer 5h de musique traditionnelle, entrecoupées de petites pauses, loin de la pop roumaine. Aucune prétention à la baise, à l'exhibitionnisme ; la galanterie écrase gentiment la drague des boîtes roumaines. C'est ainsi que tout autant français que je suis, j'ai l'impression de revenir 100 ans en arrière, dans cette ambiance bon enfant où  les hongrois connaissent toutes les techniques de danse traditionelle (il y en a presque pour chaque village...).
Pour avoir un exemple, je vous prie d'écouter la musique ci-dessous ; il suffit d'imaginer l'ambiance interne à l'aide de la photo ci-jointe.

 
Oui le chant se termine par des gazouillis (ou si vous voulez des tweets traditionnalistes, héhé) - pour en revenir au bar; c'est ainsi qu'il résonne d'onomatopées à la limite du tribal.



C'est mignon



 Alors qui sont ces Pikachu qui parlent une langue bizarre? N'est-ce qu'une image qui cachent des jeunes comme tout le monde? Réponse partielle à l'aide de... français présents dans le bar!! Oui malgré la haine que portent les hongrois contre les français depuis la perte de la Transylvanie en 1918, certains français ont  décidé de franchir le pas et d'aller vers leur culture. EXPLICATION.

 J'ai rencontré beaucoup de français aussi fous que moi en France, et bien plus cultivés que mon ignorance, bien plus humains. Je n'aurais jamais imaginé rencontrer en Transylvanie ces specimens d'un autre âge (normalement les immigrés français sont des médecins à la recherche de la facilité).
 Le premier s'appelle André. Croyant qu'il est anglais, je lui cause dans cette langue. "Epargne moi l'anglais...", me répond-il d'un air cynique. "Que fais-tu ici?", lui demandais-je  "-je fais de la dissidence...". Croyez que sous ses airs de bonhomme à la limite de la marginalité se cache à ancien khâgneux de Henri IV, diplomé de l'ENS ; à cette suite, au lieu de devenir thésard comme tout le monde dans une université allemande et de souler à son retour des étudiants français avec un nombril gros comme un bite africaine, il s'est exilé à Budapest, pour enfin s'établir à Cluj-Napoca depuis... 10 ans!!!! Parfait polyglotte français- anglais- alsacien-hongrois-roumain-allemand et pourquoi pas russe, il a tenté de tout m'expliquer concernant les danses hongroises (philosophie de la danse, quand on y vient!). "Tu as 22 ans et tu es déjà au bon endroit", me dit-il. Ah tiens je pensais que j'étais le seul français à penser que la Transylvanie est bien plus intéressante que la Gironde.

 Il ramène son ami trois semaines plus tard. Je lui demande "qui es-tu?"; "-écoute, me répond-il, je suis en chemin perdu..." (bon on va l'appeler François). Plus modeste, il affirme "essayer" de parler hongrois et roumain (alors qu'il se débrouille). Je lui ai dit que je voulais parler roumain avant le hongrois, car après avoir essayé d'apprendre en même temps coréen et russe l'an dernier, suivi d'un échec, j'étais devenu plus sage. "Mais non, me répond-il, il faut tout apprendre en même temps, t'es à l'endroit idéal. Et tu as besoin d'un carnet pour apprendre le hongrois? Ah, monsieur le français a besoin d'un carnet papapapa (...) ce qu'il faut c'est comprendre et non apprendre. Je n'ai jamais appris une seule leçon, je ne faisais que comprendre.". Je suis d'accord avec lui, n'empêche mon cerveau comprend la philo au lieu de l'apprendre, mais concernant le hongrois, je crois que je vais faire comme tout le monde et... apprendre par coeur!. Nous avons fini cette soirée-là ivres au bar Insomnia en compagnie d'un ami français, de deux tziganes, d'un sage roumain, de deux hongroises et d'un étudiant roumain ; où j'ai commencé je ne sais plus comment à parler d'Etre et Temps de Heidegger à côté de cet étudiant roumain sorti de nulle part me disant "c'est exactement ça!!!" (ah bon? Merci mon ancien professeur Bruce Bégout, dans ce cas), dérivant sur l'opposition Platon-Aristote expliquée par François (ce gars-là ne fait pas que parler des langues...).

 Fini la digression folie-française pour revenir à nos amis hongrois. Dans ce bar se réunissent des gens qui habitent sur place, des erasmus de Hongrie, des campagnards et même des sicules (peuple guerrier de Transylvanie-Est, aussi chauds que des siciliens). Mais comment font-ils pour vivre repliés sur eux-mêmes, sédentaires, sans relation avec le gouvernement roumain? En fait, certains villages sont financés par Budapest et d'autres sont anarchistes. Anarchiste vous avez dit? Attention, attention aux amalgames...L'Anarchisme comme concept (j'appelle anarchisme la communauté moins le pouvoir, mais à Jubuc je parlerais plutôt de traditionnalisme communautaire car le Pouvoir revient au prêtre) n'est pas développé en Roumanie car... il n'y a tout simplement pas besoin!! C'est une différence entre théorie et pratique. En France l'Anarchisme comme concept survit encore en tant que réaction à la modernité, il s'en suit des essais pratiques dans des communautés autonomes comme Longomai (Cote d'Azur) et Genzeillac (Provence). On ne parle  des hongrois transylvaniens comme anarchistes que d'un point de vue français car la communauté autonome est tout simplement déjà-là. Mais cette praxis immanente s'ensuit d'un grand danger : l'absoption par la théorie opposée. Car les communautés autonomes hongroises, en filigranne du traditionnalisme qu'elles proposent, sont totalement apolitisées (surtout en raison de la paysannerie), donc incapables de voir la suite logique. "Nous connaissons la suite, affirme André, car nous sommes français". Oui nous connaissons la suite : si un village comme Jubuc continue de stagner dans le traditionnalisme, il s'ensuivra un très grand décalage avec une ville comme Cluj-Napoca qui finira par devenir trop européenne. L'absorption par le style de vie urbaine deviendra alors très facile et ce qui s'est passé en France dans la plupart des départements (des villages qui s'embourgoisent) arrivera fatalement, mais quand?
  Autrement dit les hongrois transylvaniens sont des bisournous repliés sur eux-mêmes, ne méprisent que partiellement les étrangers (il suffit de s'intéresser à eux et ils vous accueillent petit à petit). Mais la conscience politique absente est sur le point de se faire dévorer par l'Union Européenne au taquet du gouvernement roumain. Ce que je dis est par plus grand intérêt et amour pour ces gens. Contrairement à certains paysans roumains rêvant d'exode rural, les hongrois - nonobstant l'absence d'ouverture politique- sont trop conscients de leur spécificité culturelle (d'où une résistance pacifique : le traditionnalisme) et le préservent pour l'instant d'une très bonne manière ; c'est juste que l'on connaît la suite logique concernant l'appétit capitaliste de l'Ouest.


 Car ce lieu apolitique s'éloigne de la future guerre idéologique, en filigrane du matraquage médiatique préparée en France, voire une guerre sur le terrain entre l'Alliance du Saint-Empire d'Occident (Monsanto-OTAN-USA - UE) contre l'Hétéroclyte Alternative Traditionnaliste (Orthodoxie russe - Chiisme iranien - hindouisme -islamisme). A noter que la Roumanie a déjà choisi son camps: l'américanisation progressive via l'enculage par l'Union européenne.
==>Périlleux saut géopolitique mais en même temps le sol transylvanien n'empêche pas de penser au-delà des frontières.

Pour tout critique je suis ouvert ^^





mardi 14 mai 2013

Quand la Transylvanie danse avec les hongrois.

Avant de venir a Cluj, on m'avait prevenu que la Transylvanie se divise entre les hongrois qui se considerent chez eux, et les roumains qui revendiquent leur patriotisme contre les hongrois. En fait, la realite est double : Cluj-Napoca, nonobstant son importante communaute hongroise, est entierement roumaine 'officiellement'. Mais des que l'on s'aventure dans la campagne, les choses deviennent differentes... EXPLICATION.

 Tout commence a l'office du tourisme, peu apres mon arrivee dans la capitale transylvaine. Je tombe sur un hongrois a qui je finis par dire au revoir en roumain, et qui me repond en hongrois. 'What?', dis-je, et il me repondit ainsi: 'I am hungarian. I live in Romania but I speak hungarian'. Je compris alors que les hongrois, malgre leur capacite a s'exprimer clairement en roumain, se refusent a parler ce langage au profit de leur propre langue afin d'affirmer leur patriotisme.  Cet exhibitionnisme patriotique est monnaie courante a Cluj, mais n'oublions pas que nous sommes bien dans une ville roumaine, etudiante, ou les hongrois sont obliges de se plier aux lois roumaines en compagnie des etudiants de toute l'Europe.

 Dans la campagne, tout devient different. Nous quittons la Roumanie officielle pour entrer dans le quotidien officieux des... hongrois exclusivement hongrois ! Entre Cluj et Oradea, a l'Ouest, la plupart des villages ne sont habites que par des hongrois. C'est pourquoi je partis trois fois en exploration dans deux villages (Stana et Jebuc, ou si vous preferez : Sztana et Zsoboc). Une fois dans ces villages, l'on comprend pourquoi les hongrois se considerent chez eux en Transylvanie.

Une maison très très styléE où un écrivain hongrois vivait il y a 150 ans

  Stana, petit village a trente minutes de marche de la station de train homonyme, perdue entre deux collines gardees par des chiens bergers (danger...), vit un quotidien exclusivement paysan, ou chaque maison possede sa ferme, son potager.  La premiere fois que j'y suis alle avec trois erasmus hongroises, certains habitants sortaient de leur maison pour nous parler dans leur langue (que je ne comprends pas...). Des enfants y habitent tout en allant a l'ecole du village voisin. Dans ce village, aucun restaurant, aucun supermarket, autrement dit tout est autonome sans touriste, et les villageois sont toujours surpris de voir des etrangers entrer dans l'enceinte de leur village, ou chaque maison est gardee par un chien - ainsi, des l'entree du village, c'est un concert d'aboiements qui vous accueille avant les salutations hongroises.

En arrivant à Stana

Jebuc est un plus grand village. La station de train est en ruine, mais une grande route, contrairement a Stana, permet d'y arriver sans danger. Jebuc est plus touristique- il y a une auberge pour les etrangers, un market ouvert a des heures improbables et meme une cantine. Ce village est exclusivement hongrois - encore, mais melange paysannerie et hongrois plus riches a la recherche d'une seconde residence. Le village offre sa propre ecole qui accueille des enfants hongrois de presque toute la Transylvanie et meme de Cluj-Napoca ; ainsi, pendant la semaine tous les enfants dorment au village et apprennent la politesse, le respect du village tout autant que les matieres intellectuelles (ou ils sont moins forts...). Jebuc fait cotoyer ainsi paysans a la retraite tout autant que des enfants qui ne cherchent qu'a s'amuser toute la journee, ce qui rend le village a la fois silencieux et vivant. Aucun reseau si ce n'est la presence de quelques ordinateurs. "Ici, on fait les choses a moitie", confie Imre, un hongrois professeur d'histoire au village. Avec un ami francais nous avons etabli contact avec Imre qui nous a conte les dessous de la vie au village. Selon Imre, Jebuc n'a pas change depuis 15 ans et jouit d'une tranquilite exceptionnelle. "People form Western Europe are too in a rush and want  to come back now from what they have reached. People from Transylvania want to go faster... but they won't, because in they heart they are too lazy (...) I like Jebuc because this is a quiet place where you don't have to worry. I don't want to live in Western Europe, I just like my job, going up to the hill, driking a glass of wine and see... nothing!".  
 Selon Imre, Cluj-Napoca est une ville ou les choses vont trop rapidement. Je lui ai donc conseille d'aller voir un peu du cote de la France, histoire de montrer que Cluj est une ville tres tranquille meme en comparaison avec Bordeaux.

La "station" de train de Jubuc.

Jubuc: une grande route qui cache une vie à l'ancienne.


 Il me reste encore beaucoup de villages hongrois à visiter. Ce sera l'an prochain, en compagnie d'erasmus hongrois de mon dortoir.

 Le prochain article traitera de nouveaux de la force hongroise, cette fois-ci en ville.
  

jeudi 18 avril 2013

Transylvanie Heteroclyte.

De retour pour un cinquieme article !
  Cette fois-ci sur les villes de Transylvanie.

 Il y a un mois j'ai effectue avec l'Erasmus Social Network un voyage de trois jours a travers plusieurs villes de Transylvanie (trop court, parfois trop superficiel, avec une vue generale tout de meme). Au bout de ce voyage eprouvant, j'ai ete tres heureux de retrouver ma ville de Cluj-Napoca (oui, apres seulement deux semaines, je me sentais deja chez moi) car :
 Les autres villes de Transylvanie ne sont pas aussi bien que la capitale de la region, je dois dire, il en ressort a la fois une admiration et un rejet.
  Brasov, que dire de Brasov? Je l'ai trop peu visiter pour etablir un constat definitif... c'est une grande ville parfois plus moderne que Cluj-Napoca, entouree de la meme facon par des collines plus immenses (dont la fameuse ou au sommet trone le sigle "Brasov" a la maniere de Hollywood, imaginez un peu la ville superstar, hehe). Nous sommes alles dans un bar helas, bondes de filles surmaquillees, habillees de facon tres indecente, ou des serveuses peu aimables n'hesitent pas a pousser les gens dansant maladroitement sur la piste pour servir rapidement quelque verre ; voici une facon peu habile de decouvrir la ville. Il en reste un sentiment d'insatisfaction...
Une des collines de Brasov


 Sibiu : une des plus jolies villes de Roumanie. Le centre est entierement dedie au pietons, ce qui est tres utile. Comparee a Cluj-Napoca, elle est plus petite mais on y trouve quand meme des etudiants. La ville semble un peu "morte", c'est a dire trop tranquille. Pour la jeunesse il y a quand meme quelques bars pour oublier le silence... mais ceux qui aspirent a une vie meditative n'apprecieront-ils pas d'autant plus ce petit bijoux? C'est la ville la plus allemande de Transylvanie. Apres la population hongroise, c'est l'allemande qui se place en seconde position dans la region (taisons-nous pour l'instant sur le probleme  des tziganes...).
  Une grande place (Piata Mare, qui change des Piata Unirii de toutes les villes), entierement pietonne, harmonise la ville en son centre ; la place contigue permet d'offrir une vue sur les collines a l'horizon. De quoi rejouir tous les amoureux de la promenade sans pot d'echappement.
Piata Mare, Sibiu

  En ce qui concerne les plus petites villes, Sighisoara est encore conserve dans son vieux centre, ce qui donne un aspect medieval et pourquoi pas ville tres oriental, a l'ecart de toute influence de l'Ouest. On peut y visiter le chateau de Vlad Dracula, qui n'a rien a avoir avec Dracula lui-meme.
Vue du centre de Sighisoara

 Ouverture au 'vrai Dracula', de ce fait, dans la ville de Sinaia, la seule ville vraiment touristique de Transylvanie (et helas, qui me rappelle trop ces pays ou les touristes pullullent dans des boutiques inauthentiques), ou trone le fameux chateau idealise par le film de Hollywood. Dracula n'a jamais existe et ne reside que sous un residu de fantasme dans le cerveau des europeens! Dans les annes 70, les premiers touristes sont arrives au chateau et ont demande si c'etait celui de Dracula... les paysans, abassourdis, ne comprirent guere l'idiosyncrasie, mais a la vue de l'argent rapporte, ils reclamerent, finalement, le chateau du fameux Dracula! En fait, le chateau appartenait a plusieurs empereurs hongrois, a la reine Victoria, aboutissant  a la megalomanie de Ceaucescu qui etablit quartier avec sa famille dans cette demeure manquant d'etre violee par la demesure...

 Parmi les villes inutiles... Alba Iulia? Grand ville tres moderne mais ou reside l'ennui des passants qui ne savent que faire ; j'espere, toutefois, me tromper. Ensuite, non loin de Cluj, survient Hunedoara, une des villes les plus horribles au monde qui m'a ete donne de voir apres la ville de Xi-An. L'arrivee par le bus debute par des collines renversees par des machines a la recherche d'or, sans aucun brin d'herbe (on se croirait dans les paysages les plus terribles de Miyazaki), debouchant sur une ville ruinee par des batiments communistes, ou le pittoresque des belles filles se promenant entre ces memes blocs ne fait qu'a moitie rire... le seul interet de la ville reside dans son chateau destine a torturer les ottomans captures par l'Empire hongrois de l'epoque. Targu Mures, dans le cote delabre et menacant, n'est pas non plus epargne... un zoo traine dans le coin, a visiter pour ceux qui n'ont guere pitie a la vue des animaux enfermes. Bon je ne vais pas non plus medire sur cette ville qui recelle quelques bons coins ; a noter que c'est la ville la plus hongroise de Transylvanie meridionale.
Les collines devastees a proxomite de Hunedoara, prises en coup de vent depuis le bus.

Par consequent, la Transylvanie exhibe ses caracteres heteroclytes aussi bien dans ses paysages, des collines desertes et sauvages aux contrees ou se construisent quelques residences (a l'instar de ce qu'on peut assister dans le Medoc...) ; que dans sa proprete, exemplaire dans les grandes villes, juxtaposant des champs couverts de dechets comme l'on en trouve en abondance dans les deserts tunisiens ; heteroclyte, du sourire d'un vieillard a la grimace d'une serveuse dans une pizzeria. Tout n'est pas tout rose en Roumanie, l'amertume cotoie l'ouverture d'esprit... 

Helas ce fut un voyage un peu trop ephemere pour jouer les specialistes. Depuis, j'evite tout voyage en grand commite avec l'ESN (meme s'ils sont tres gentils), ou l'empire des mauvaises photographies tronent sur facebook. Je devrais revenir un jour a Brasov, a Sibiu... peut-etre l'annee prochaine?




 Prochaine article sur l'autre Transylvanie : la Hongrie.



mardi 9 avril 2013

Critique de la consommation : quand les bars peuvent donner le meilleur comme le pire.

De retour sur ce blog apres quelques semaines d'absences !! Excusez-moi d'avance pour le manque d'accents, je suis sur l'ordinateur de mon voisin polonais (qui est parti voyager en Iran, et oui...), mon disque dur casse oblige. Moi-meme j'hurle en manquant de respect a notre belle langue francaise.

    Petit article concernant les bars de Cluj... ici la facon de faire la fete n'est pas la meme qu'en France. En France, les bars et les boitent coutent tellement cher pour les etudiants qu'on est oblige de se beurrer la gueule, cloitre dans notre maison, avant de sortir. Ici tout est fait pour devenir ivre enferme dans des bars immenses... jusqu'a la demesure.
    Vous avez les bars artificiels, specialement concus pour la chaire a canon estudiantine, ou les jeunes gens, en quete d'oubli ou de satisfaction, se pressent tels des animaux devant des serveuses a bout de souffle. Au debut je pensais m'en arreter la, decu de cet aspect sacrificiel de la culture roumaine puis, grace a mes amis roumains et francais de la fac d'art, je compris que les bars de Cluj sont aussi differents les uns que les autres, mieux entretenus qu'a Bordeaux. Vous voulez des concerts, parler de philosophie autour d'une biere? Pas de probleme car Insomnia, l'Atelier sont la pour vous accueillir, donnant une ambiance annees 80 en France, ou je suis surpris de discuter culturellement au lieu de bavarder en me gavant de musique techno. Ou bien un petit bar qui ferme a 01H00, servant des bieres pour pas cher? Le jack est la pour vous servir.
 Bref, il y en a pour tous les gouts.

 Chaque semaine, je decouvre donc des bars immenses, dont l'exterieur est a peine visible (allez chercher l'Insomnia ou Flying Circus, vous ne trouverez pas de prime abord, il faut d'abord s'enfoncer dans une espece de cave puis... surprise! Derriere une porte aussi laide qu'une entree de toilette, se trouve un bar immense, sophistique, interessant).
 Les boites sont aussi empruntes d'un caractere heteroclite, allant de l'etroitesse de certaines, ou il est impossible de danser sans bousculer une gente demoiselle, a d'immenses boites comme le Boiler, perdu dans une maison abandonne entre des dizaines de blocs communistes, variant ses soiress d'une musique commerciale vers des nuits folles (danser sur du gypsie electro... quel bonheur!!). 

 Sur le precedent article, j'avais affirme ne pas avoir termine une seule fois ivre en 3 semaines... depuis, mon affirmation brutale est perimee. Mes voisins polonais se sont occupes d'affranchir mon penchant pour le bon et chaste vin francais, hehe. 

 N'oublions pas que tout cela peut devenir tres supercifiel si l'experience du bar est repete, jusqu'a compromettre le voyage, l'etude, le silence. Cluj-Napoca a autre chose a offrir, et a l'horizon se trouve la campagne aussi dangereuse qu'imprevue (prochain article).
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mardi 12 mars 2013

De l'inconvénient d'être un Erasmus

Avant mon arrivée à Cluj, je me demandais si j'arriverai, lors de mon séjour, à discuter avec des roumaines, à apprendre de leur culture. Lorsqu'on est étudiant Erasmus, parqué dans un complexe étudiant étranger, il peut être très facile de ne parler à aucun roumain pendant quatre mois. Pour éviter cet erreur, il suffit de sortir un peu de chez soi.

        "In Romania, we don't know how to conserv wine. We buy it and... we drink it!". Isvan.
 
     Penché maladroitement sur facebook, tôt le matin avant mon départ pour Cluj (depuis Beauvais...), Edith, une femme de l'ESN (Erasmus Social Network: des volontaires roumains aident les étudiants étragers à s'intégrer), lance une discussion pour m'aider à bien m'installer. Elle m'invite directement à une fête dans la biliotheca Janica, piata Unirii. Je me suis dit : "chouette, je vais déjà rencontrer des roumains et des Erasmus!". En fait, je me suis paumé (déjà, le nom "bibliotheca" me déroutait et je me voyais faire la fête au milieu des livres) autour de la Piata Unirii, étant passé par le café Janis, non loin de la place (différent de Bibliotheca Janis...). Bref une mésaventure qui  n'a pas vaincu mon énergie ; j'acceptai, de fait, une invitation à l'anniversaire d'Edith, dans le bâtiment des artistes, le vendredi suivant. Je dois dire que j'ai été agréablement surpris! La fête en elle-même n'avait rien de différent d'une fête à la française. J'ai tout de suite rencontré Isvan, un garçon très gentil et sociable. Ayant étudié les langues, il m'a émis sa théorie sur les langues (me racontant, entre autre, que parler roumain est plus difficile que de parler russe, mais j'en doute...) ; il est très conscient de l’enculage qu'a subi la Roumanie par presque tous les empires du monde et sait aussi que le vin roumain peut être... dégueulasse  (mais j'ai goûté le "Larmu di Ovidiu", un vin blanc qui me rappelle agréablement l'hydromel). Bon du coup il ne reste plus qu'à dire, comme lui :"drink like a Romanian!" (je crois, quand même, que les polonais remportent la palme d'or de la buvette, avec leur vodka cul-sec par trois fois).

                          Pour information je n'ai pas encore fini une seule fois ivre depuis trois semaines, un exploit pour un Erasmus en Roumanie. En revanche, j'ai fait plus de bars et de boîtes qu'en 6 mois à Bordeaux.
                                       
Cool girl and Cool guy

                 Quand on rencontre un  roumaine ou une roumaine, il faut serrer la main (cela me convient, je j'aime pas faire la bise à une inconnue). En revanche, dès qu'on s'aime bien, on passe tout de suite aux câlins! Il y a ainsi beaucoup plus de contacts que dans un pays comme le Canada ou la France. Donc si tu es un ours et ne supporte pas le contact physique, il vaut mieux prévenir la gente roumaine.Globalement, je n'ai rencontré que des Roumains de la fac d'art ou de l'ESN. Je suis impressionné par le nombre de langues qu'ils peuvent parler, parfois (une quadrilingue russe-français-anglais, j'aimerais devenir comme ça un jour... ; on encore les roumaines de l'ESN qui parlent aussi couramment trois langues, avec un accent impeccable).  En France, s'exprimer en anglais est un exploit pour ceux qui ne voyagent jamais (à 18 ans, je ne parlais que très peu anglais...). Parmi les jeunes on retrouve la culture occidentale (les mêmes musiques commerciales... arg et la culture facebook), à la différence que ceux-ci sont beaucoup plus ouverts sur les cultures étrangères, ainsi qu'à leur propre culture!

          Je me suis souvent demandé pourquoi les français sont si fermés. Ce n'est pas qu'une question de médias médisants ; ma théorie (vous avez le droit de ne pas être d'accord), c'est le passé glorieux que porte la France en elle, et qui d'ailleurs fait fantasmer à l'étranger. La France souffre de son histoire parce qu'actuellement, elle n'a plus rien à avoir avec sa tradition (je l'entends en un sens social, on a très bien conservé notre nourriture ainsi que certains trésors patrimoniaux). les français se croient toujours supérieurs par et pour l'Histoire, à travers une ignorance de son propre passé, paradoxalement, que l'on oublie dans les écoles,  jusqu'à ne plus honorer son drapeau (tout comme moi, mais c'est un problème personnel). Cette ignorance conduit inéluctablement à une confusion sociale. Maria, une étudiante en art, a pardonné cette attitude française par argument du poids historique (concernant, surtout, la méconnaissance des humanités roumaines dans les universités françaises ; alors qu'en Roumanie parler aussi bien d'Eminescu que de Balzac dans un cours est tout à fait normal). Petra, étudiante en littérature, plus saillante, s'est offusquée de l'absence d'auteurs roumains dans les universités françaises. L'argument de Maria sert tout autant, en fait, ma thèse.
   La Roumanie, pays plus modeste, incite sa population à une ouverture d'esprit. La France regorge de paysages ô combien diversifiés et magnifiques, mais a acquis avec le temps, ou a hérités d'une fermeture d'esprit qui me gêne, dégradant l'enseignement de la littérature ou de la philosophie. Faire un master de philosophie par tradition cartésiano-positiviste me gêne. N'étudier que la littérature française me gêne (et pourtant, que sa langue est belle!). Nous avons tout à apprendre de Kierkegaard, éminent auteur danois oublié dans nos bâtiments français, ou d'Eliade, historien roumain. Et nous avons à apprendre des jeunes roumains , tout autant que des personnes plus âgées, rurales. Pour cette dernière découverte, je n'ai pas encore fait de promenade personnelle dans des coins reculées, cela viendra avec le temps.

                         Petite pause de satisfaction très française : j'aime quand un étranger me parle français. C'est flatteur (on oublie un instant l'anglais pauvre des bouches à la sauce Ketchup).
La bière Timisoreana comme point focal


 Côté boissons:
- Les bières roumaines sont tout à fait appréciable. Moi qui n'aime pas la bière brune, je fais une spéciale dédicace à l'Ursus Black, plus que goûteuse.
- Je n'ai pas encore goûté la Tuica (alcool de prune). En revanche, la Palinka (qui peut ressembler à de la vodka), est très apprécié des roumains et des Erasmus. Contrairement à la vodka, elle n'est pas vendue industriellement, et ne s'achète que dans les marchés, surtout à la campagne.


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 En ce qui concerne le titre du blog,  être Erasmus peut vite devenir superficiel si on ne se concentre que sur les fêtes, et même sur certains voyages. Nous sommes, néanmoins, beaucoup à être intéressés par le côté dangereux, imprévisibles de certains voyages, contrairement à l'ennui touristique des promenades amères. Etre Erasmus "donne des ailes", comme m'a dit une française, et l'on vit beaucoup plus intensément les choses (je voyage, je sors, je réfléchis, je travaille : tout ça à la fois) ; je prévois déjà une grosses dépression en rentrant dans le quotidien français, dans 4 mois.